Continuer de vivre
À travers ses projets, la fondation renforce notamment l’accès aux soins de base de proximité et à l’éducation sur les thématiques sanitaires des populations enclavées des régions rurales africaines. De nombreux cas de Covid-19 ont été recensés dans nos pays partenaires. Compte tenu du contexte socio-politique de plus en plus difficile ainsi que des faibles couvertures sanitaires, les acteurs locaux tendent à appréhender une propagation du virus dans ces zones déjà vulnérables. Nous avons, dès lors, voulu laisser la parole à nos partenaires afin de comprendre ensemble comment mieux appréhender l’avenir.
Pour continuer cette série de témoignages, nous avons discuté avec l’AAT-FFL, notre partenaire togolais. Découvrez ci-après leur retour du terrain :
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Bien que les Togolais soient conscients de la présence du mal, ils ne sont pas très regardants pour ce qui est des mesures barrières. On remarque un sentiment de « je sais déjà et je fais avec ». Les gens ne semblent pas manifester de peur vis-à-vis du virus. Ils se disent prêt en se consolant avec des idées erronées, pures spéculations personnelles. Toutefois, notre quotidien a beaucoup changé puisque nous avons adopté de nouvelles habitudes qui n’étaient pas les nôtres. On peut même dire que tout a changé.
Les agents de santé, quant à eux, sont affectés psychologiquement, car ils sont les premiers à entrer en contact avec les patients. La peur et la méfiance règnent parmi eux. En revanche, la population vit au jour le jour et un confinement porterait un coup dur à l’économie du pays. La faim décimerait la population et non le virus. Cette situation nous permet, dès lors, de confirmer que la santé n’a pas de prix. Nous devons mettre les bouchées doubles pour renforcer le système sanitaire togolais.
Justine Tadete, secrétaire du Conseil d’Administration de l’AAT-FFL, et chargée de logistique au Centre d’Opération des Urgences de la Santé Publique au Togo (COUSP-Togo)
La situation a beaucoup affecté les activités de l’AAT-FFL. Les déplacements à Lomé sont très réduits et les visites et suivis sur le terrain sont interrompus pour le moment. Tous les échanges avec les centres de santé se font par téléphone. Afin d’éviter les risques de contamination, le personnel est obligé d’effectuer une rotation au bureau et le reste du temps de travailler à domicile. Au niveau de certains centres (USP de Doglobo, par exemple), un espace de tri a été aménagé avant l’intégration des malades dans la maternité.
La peur des togolais est amoindrie par les défis de survie habituels auxquels est confrontée la population. L’activité économique bien que ralentie par la diminution des investissements et la prudence dans les dépenses, se poursuit. Le respect des règles afin d’éviter la propagation de cette maladie est un peu mitigé. Parmi la population, on retrouve 3 types de personnes :
- Ceux qui essayent de respecter scrupuleusement les règles barrières et les mesures
- Ceux qui sont conscients de la gravité de la situation mais qui ne font pas d’efforts ou n’ont pas les moyens de faire des efforts pour l’éviter au maximum
- Et ceux qui continuent de vivre comme si de rien n’était ou que l’existence de la maladie au Togo aurait été inventée par le gouvernement.
Abdoubasti Idrissou, responsable projets et communication