La formation professionnelle des enfants de Tougouri
Pour lutter contre le travail des enfants et leur assurer un avenir, la Fondation Follereau s’est engagée à aider les enfants des mines aurifères de Tougouri. Avec ses partenaires burkinabés, ils ont créé un centre d’hébergement et réhabilité un centre de formation en 2013. Les enfants y sont hébergés, nourris, soignés et suivent une formation professionnelle de trois ans, validée par un examen national.
Début octobre, la fondation recevait la visite de Nicaise N’Gatta, directrice du secrétariat permanent de l’AAB-FFL, l’association des Amis Burkinabés de la Fondation Follereau. L’occasion pour nous d’échanger au sujet de la formation professionnelle au Burkina Faso.
Bonjour, pourriez-vous vous présenter en quelques mots, s’il vous plait ?
Nicaise : Je travaille au secrétariat permanent de l’AAB depuis 2013. A sa création, il s’agissait de mettre en collaboration tous les partenaires burkinabés de la Fondation Follereau dans une seule et même association, afin de mieux coordonner les actions et de mieux quantifier l’impact de l’action de la FFL au Burkina.
Quels sont vos projets sur le terrain ?
Il s’agit surtout la mise en place des projets. C’est tout un processus : système de suivi, identification, établissements de cadres logiques, mises en places concrètes du projet réel, exécution du projet puis après suivi du projet.
Pourriez-vous nous en dire davantage concernant la formation professionnelle ?
La formation professionnelle de Tougouri est un grand investissement. La 1ère promotion de jeunes (près de 503) viennent de sortir dans les métiers de la soudure, de la mécanique deux roues, de la menuiserie, du tissage et puis de la couture. Ca a vraiment un impact réel sur la vie de ces jeunes. La 2ème promotion a été intégrée au centre et sortira fin 2020. Il s’agit de la prise en charge de jeunes dans un centre d’accueil et d’hébergement. Leur prise en charge est alimentaire, sanitaire, psychologique, vestimentaire, de loisirs et maintenant professionnelle. Normalement, la capacité d’accueil, c’est 75 places. Avec les abandons, pour la première promotion, 63 jeunes ont été diplômés. Il y a généralement plus d’abandon au début. Une fois le cap des six mois passé, c’est rare, si ce n’est pas un vrai problème sérieux.
Avez-vous un suivi concernant leurs débouchés ?
Après la formation, ils ont un kit d’insertion. Ils bénéficient, en fonction de leur spécialité, d’un kit de base pour démarrer une activité. Ils ont un roulement qui s’élève à 35,000 francs CFA (53,34€) par jeune, pour leur permettre d’acheter la matière quand ils commencent. Ne pas avoir les moyens financiers pour démarrer une activité peut freiner. Au niveau de chaque village, certains se sont installés et ont démarré leur activité. Ca varie selon les âges et leurs opportunités. Il y a plusieurs débouchés. Certains peuvent se mettre à deux, pour créer un atelier et démarrer une activité. Beaucoup sont indépendants. Dès qu’ils sortent, ils mettent en place une activité ou bien ils vont travailler chez un artisan. Ils y offrent leur service, jusqu’à avoir assez d’argent pour pouvoir ouvrir leur propre atelier. On avait un taux d’insertion, au mois d’avril, à près de 69% pour ceux dont on a un contact direct. Sinon, on peut dire qu’on est à un taux de 90%, parce que tous se sont installés quelque part.
Quel âge ont ces étudiants ?
De 13 à 18 ans. Le projet est conçu comme cela, mais ce n’est pas un critère. Il ne faut pas non plus ignorer ceux qui sont dans le besoin. Les profils diffèrent selon les promotions. Pour la 1ère promotion, on a eu une jeune enfant de 8 ans qu’on a accepté en enseignement général. On a aussi une jeune fille de 20 ans pour cette 2ème promotion. Il n’y a pas que le facteur âge, il y a aussi le facteur « vulnérabilité et conditions de vie » de la personne. C’est la Cellule Paroissiale pour le Développement et la Solidarité (CPDES) qui s’occupe du recrutement sur les sites de mines aurifères de la région. La CPDES est notre partenaire qui s’occupe du projet au quotidien au niveau de Tougouri. Ils vont sur les sites pour faire la sélection des jeunes.
Dans le cadre de l’évolution du droit des femmes, la fondation organise, le 25 octobre 2018 à 18h30 au Kinépolis de Limpertsberg, une projection exclusive au Luxembourg du documentaire “Ouaga Girls” représentant des exemples de perspectives des femmes africaines en formation professionnelle. Au détour de ce film, Theresa Traore Dahlberg évoque avec émotions les choix de vie d’un groupe de jeunes filles en dernière année d’école de mécanique à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.
En 2018, la Fondation Follereau continue à s’engager aux côtés de ses partenaires locaux dans la lutte contre toute forme d’exclusion et pour un accès amélioré en matière de santé et d’éducation.
La Fondation Linckels-Voss, sous l’égide de la Fondation de Luxembourg, a une nouvelle fois témoigné sa confiance. Elle a prolongé son financement pour Tougouri jusqu’en 2019.
Retrouvez ici l’interview de l’AAB-FFL au Café de la FFL sur Radio Ara en compagnie de Céline le 18 octobre.